Dans l’industrie du jeu vidéo, le temps est une denrée rare pour les testeurs des médias en ligne. Chacun essaie d’avoir les infos avant les autres, tous dégainent un article pour au plus tard le jour de la sortie des jeux….
C’est un vrai paradoxe : des jeux pouvant atteindre des centaines d’heures de contenu doivent être critiqués dans les 24H de leur sortie… voire vers 6-7 heures du matin pour avoir la priorité dans le référencement Google. Même s’il est certain qu’on est dans le ludique, l’immédiat, il y a là une équation ingérable.
Une critique des jeux vidéo sous contrainte
Certains éditeurs « sympas » offrent le jeu en pré-sortie presse contre une critique favorable et une confidentialité absolue jusqu’au jour de la sortie.
De deux choses l’une, soit vous êtes dans la boucle de l’éditeur et vous avez le produit avant la sortie et vous avez le temps de le tester … Mais en échange, vous ne devez rien divulguer et bien comprendre que pour le prochain jeu de l’éditeur, vous ne serez plus dans la boucle si vous déplaisez …
Dans l’autre cas, celui où vous avez le jeu comme tout le monde au jour J, vous devrez pondre à la va-vite un avis le matin de la sortie après quelques heures de jeu. Ou dans le cas des plus flemmards, et il y en a, faire une synthèse de ce qui se dit sur les médias US/EU.
De nombreuses pratiques douteuses dans ce genre fleurissent comme les éditeurs qui vendent leur jeu en l’étiquetant Alpha, ou en développement, le phénomène des pré-ventes en dématérialisé ou encore la maladie des DLC gratuit (comprendre « jeu non fini dont on aura le contenu quand ils l’auront fini »).
Les derniers plus gros fails de sorties muselées dans la presse numérique
Watch Dogs : des graphismes de fous dans les démos des salons tels que le E3 et au final une release où tous les graphismes ont été nivelés pour maximiser le nombre de clients potentiel. Ici le marketing a tout donné et l’éditeur pré-vend au maximum en créant l’idée que le produit ne sera peut être pas dispo le jour J… En muselant la presse, on sauve un jeu par les pré-ventes qui n’aurait pas dû rencontrer les joueurs. Certes, ces joueurs-là ne se feront pas avoir par une éventuelle suite mais qui dit qu’une suite sortira ?
Assassin’s creed Unity : Des teasers incroyables, des événements marketing à mort, des clauses de non divulgation à tous les organes de presse ayant le jeu pour les tests avant la sortie. Au final, le requis en puissance a été largement sous-estimé par l’éditeur. Et sur la config PC moyenne des joueurs actuels, le jeu tourne en résolution basse et en étant saccadé. Pour y jouer sur PC, il faut un pc capable de lancer un satellite sur orbite. Sur console, la Xbox One s’en sort pas mal et sur PS4 on constate de nombreux ralentissements alors que le jeu est déjà très nerfé au regard de la version PC. Grâce aux préventes avant les tests officiels, ACU fut un succès pour l’éditeur dès avant le jour J. Depuis Ubisoft s’excuse platement, baise nos pieds, offre des DLC de compensation voire d’autres jeux de sa gamme comme FarCry 4… Gamer échaudé craint l’eau sur la console … les prochaines pré-ventes ne seront pas aussi fortes, c’est sûr.
Le dernier bastion de vrai dans l’industrie du jeu vidéo : le stream
Que ce soit la MilléniumTV, Twitch, Eclypsia ou les récents efforts de JCV.com, les webTV montrent les jeux le jour de leur sortie et on peut y découvrir des réactions de joueurs qui ont des avis tranchés et en direct. Ici pas de marketing en provenance des éditeurs de jeu vidéo. Si le produit a des défauts il est immédiatement trollé avec de l’humour mais surtout avec de l’humeur.
Dans l’indépendance le Graal tu t’en iras chercher
Pour finir, quelques site indépendants commencent à faire dans le temps long, c’est à dire qu’ils prennent le temps de tester les jeux en une semaine ou deux et non comme un marathon ou un sprint. Combien de fois j’ai pu lire dans des tests de jeu « certains passages sont un peu répétitifs » le joueur lambda ne rush pas son achat à 49€-60€ en une seule fois. Pour le joueur ordinaire qui n’a pas un chrono à respecter, la durée de vie d’un jeu se découpe en tranches de une à deux heures quelques fois par semaine. Et ce joueur, lui, ne trouvera pas la lassitude ou la répétition des segments de jeu que le « testeur pro » pourra ressentir.
Voilà c’était mon instant coup de gueule et à l’occasion quand un jeu m’aura bien plu je vous écrirai de mes petites mains un test raccord avec ma réalité de joueur ordinaire…
Fletcher
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