Guide complet pour créer son Jeu de Rôle sur table: de l'idée à la réalisation

Vous rêvez de créer votre propre jeu de rôle sur table en 2024 ? Que vous soyez un rôliste chevronné ou un débutant passionné, lancer son propre jeu est une aventure excitante mais qui peut sembler intimidante. Pas de panique ! Avec quelques conseils et les bons outils, vous serez capable de donner vie à l’univers de vos rêves. Voici les étapes clés pour créer son jeu de rôle sur table et embarquer vos joueurs dans une expérience inoubliable.

Créer son jeu de rôle sur table : le guide pratique 2024

Définir son concept de JDR et son univers

Tout commence par une idée, un concept original qui sera le fondement de votre jeu. Cela peut être un univers, une ambiance, un thème que vous avez envie d’explorer. Laissez libre cours à votre imagination !

Voici quelques pistes pour trouver l’inspiration :

Partez d’un genre que vous aimez (fantasy, science-fiction, horreur…) et ajoutez-y une touche personnelle
Imaginez un postulat de départ intriguant : et si la magie existait dans notre monde moderne ? Et si l’humanité vivait sous l’océan ?
Inspirez-vous de vos œuvres favorites (livres, films, séries, jeux vidéo…) et créez votre propre vision, mettez de vous dans votre jeu.

L’essentiel est de choisir un concept qui vous passionne et vous donne envie de passer des heures à créer autour. N’hésitez pas à en discuter avec d’autres rôlistes pour avoir leurs retours.

Partir d’une série, d’un livre et quand même surprendre :

Parfois, vous rencontrerez des concepts déjà existants ou surexploités. Posez-vous la question de changer d’angle de vue ou de créer une dynamique différente.

Voici quelques idées pour revisiter des sagas connues de science-fiction et de médiéval-fantastique en les adaptant à un jeu de rôle où les joueurs incarnent des personnages clés :

La Table Ronde :

Un des joueurs incarne Merlin, les autres ses agents infiltrés à Camelot. Leur mission : manipuler Arthur et les chevaliers. Mais l’un des agents commence à éprouver des remords. Parviendra-t-il à déjouer les plans de Merlin ?
Les joueurs sont des chevaliers de la Table Ronde confrontés à une invasion de créatures d’outre-monde. Ils doivent convaincre Arthur de s’allier à son ennemi Mordred, seul à détenir le secret pour les vaincre. Mais peut-on lui faire confiance ?

Le Seigneur des Anneaux :

Les joueurs incarnent des orcs, des gobelins et autres serviteurs de Sauron. Leur but est d’aider le Seigneur Noir à retrouver l’Anneau et conquérir la Terre du Milieu. Ils devront affronter la résistance des peuples libres.
Après la chute de Sauron, les joueurs sont des émissaires des différents peuples (elfes, nains, hommes). Ils doivent négocier une paix durable et déjouer les complots de ceux qui veulent raviver les anciennes querelles.

Star Wars :

Les joueurs sont des agents de l’Empire chargés de traquer les derniers Jedi. Mais certains commencent à douter de la propagande impériale. Vont-ils rester loyaux ou rejoindre l’Alliance Rebelle ?
Pendant la Guerre des Clones, les joueurs incarnent de jeunes padawans pris dans le chaos des combats. Confrontés aux horreurs de la guerre et aux tentations du Côté Obscur, parviendront-ils à rester fidèles aux enseignements Jedi ?

Blanche-Neige :

Et si le miroir disait la vérité ? Les joueurs sont les fidèles serviteurs de la Reine, persuadés de sa légitimité. Ils doivent l’aider à confondre l’usurpatrice Blanche-Neige et rétablir son pouvoir.
Dans un monde où la magie disparaît, les joueurs sont les conseillers de la Reine Blanche-Neige. Ils doivent l’aider à prendre les décisions difficiles pour sauver le royaume, quitte à sacrifier son innocence et sa pureté.

L’intérêt est de permettre aux joueurs d’explorer ces univers sous un angle inédit, en incarnant des rôles inhabituels (antagonistes, personnages secondaires…). Cela ouvre de nouvelles perspectives narratives, avec des choix moraux complexes et des retournements de situation. Le jeu devient l’occasion de réinterpréter ces mythes célèbres, tout en s’appuyant sur la connaissance qu’en ont les joueurs. C’est un équilibre subtil entre familiarité et nouveauté qui peut donner lieu à des parties mémorables, où chacun apporte sa pierre à la reconstruction d’une histoire que tous pensaient connaître.

Développer l'univers de jeu

Une fois votre idée de base trouvée, il est temps de développer plus en détail votre univers.

Définissez les éléments clés :

Le cadre spatio-temporel : où et quand se déroule votre jeu ?
Les personnages et créatures qui peuplent ce monde
Les factions, organisations et conflits qui animent cet univers
La “couleur” de votre jeu : quel ton, quelle ambiance voulez-vous insuffler ?

Vous pouvez commencer à esquisser une chronologie, une carte ou vous constituer un “bible” rassemblant toutes vos idées. Mais ne vous noyez pas dans les détails, gardez de la place pour que vos joueurs puissent aussi apporter leur touche à la création.

Quelques pistes d’idées pour développer plus avant votre univers de jeu de rôle :

Le cadre spatio-temporel :

Définissez l’époque, les lieux importants (villes, régions, planètes…). Faites une carte sommaire.
Déterminez le niveau de technologie/magie et son impact sur la société.
Esquissez les grands événements historiques qui ont façonné le monde actuel.

Les personnages et créatures :

Listez les peuples, races et espèces intelligentes. Quelles sont leurs particularités ?
Imaginez quelques personnages importants (dirigeants, héros, vilains…).
Réfléchissez aux créatures emblématiques, monstres et animaux de cet univers.

Les factions et conflits :

Quelles sont les nations, organisations, guildes qui s’affrontent ou coopèrent ?
D’où viennent les tensions géopolitiques actuelles ? Guerres de territoire, de religion, rivalités ancestrales ?
Y a-t-il des conflits internes au sein des factions (luttes de pouvoir, trahisons…) ?

L’ambiance et les thèmes :

Quel est le ton général ? Sombre, épique, mystérieux, optimiste…
Quels sont les thèmes majeurs explorés ? Le pouvoir, la loyauté, l’espoir…
Quelle place pour le surnaturel ? Omniprésent ou en filigrane ?

Quelques conseils supplémentaires :

Partez de quelques idées fortes et développez autour. Inutile de tout détailler maintenant.
Faites des liens entre les éléments (le passé d’un peuple explique une rivalité actuelle par exemple).
Laissez des zones d’ombre et des questions en suspens, que vous pourrez développer en jouant.
N’hésitez pas à vous inspirer d’œuvres existantes mais sans les copier. Ajoutez votre touche personnelle.
Discutez-en avec vos joueurs, ils auront sûrement des idées pour enrichir l’univers !

L’essentiel est de poser les bases d’un univers cohérent et inspirant, qui vous donne envie d’explorer ses mystères. C’est un travail de longue haleine qui se nourrit des parties de jeu. Commencez petit et laissez votre monde s’étoffer au fil des aventures. Vos joueurs seront les meilleurs ambassadeurs pour donner vie et légitimité à votre création. Alors lancez les dés !

Créer son jeu de rôle avec un système et des mécaniques qui font sens.

Créer un système de jeu cohérent et des mécaniques adaptéesLe cœur d’un jeu de rôle, ce sont ses règles. Elles définissent ce que les personnages peuvent faire, comment résoudre les actions et les conflits. Vos mécaniques de jeu doivent être au service de l’expérience que vous voulez créer, en adéquation avec l’univers et l’ambiance de votre jeu. Commençons par quelques points clés à définir…

Le système de résolution des actions :

C’est le mécanisme central qui permet de déterminer si un personnage réussit ou échoue une action, en fonction de ses compétences et des circonstances. Les options sont variées :

Jet de dés (d6, d10, d20, pools de dés…), en comparant le résultat à une difficulté. C’est le plus répandu car le hasard apporte du suspense et de la variété.
Cartes à jouer, en comparant la valeur de la carte à une difficulté. Cela donne un côté plus tactique et prévisible.
Résolution purement narrative, sans hasard. Les joueuses décrivent l’action et le MJ décide du résultat en fonction de la cohérence et des enjeux narratifs.

Réfléchissez bien aux probabilités et aux résultats possibles de votre système. Un bon équilibre est essentiel pour que les joueuses se sentent à la fois compétentes et challengées. N’hésitez pas à vous inspirer de jeux existants et à tester en jouant.

La game-design des personnages :

Les personnages sont définis par des attributs (force, intelligence, charisme…), des compétences (combat, pilotage, médecine…), des atouts et handicaps, des traits de personnalité, des passions, etc. Choisissez des éléments pertinents pour votre univers et votre système, ne soyez pas exhaustif dans les possibilités, demandez-vous : Est-ce que cela sert l’histoire ? Est-ce que ça ralentit l’action de jeu ? Est-ce que ça crée du dialogue à la table ? Est-ce qu’on peut s’en passer et raconter la même histoire ?

Vous pourriez opter classiquement pour des scores chiffrés (ex : force 18) ou des mots clés, ou un mixte des deux, des niveaux (novice, vétéran…), des descriptifs, ou un mélange. Trouvez le bon équilibre entre précision et simplicité.

Réfléchissez à la progression des personnages au fil des parties : gagneront-ils des points d’expérience, de nouvelles capacités ? Définissez ce qui fait leur identité et leur permettra d’évoluer de façon satisfaisante.Les mécaniques principales :
En fonction de votre univers et du type d’aventures que vivront les PJ, certaines mécaniques seront centrales. Par exemple :

Le combat tactique avec figurines pour un jeu d’aventures épiques
L’enquête, la filature et les interrogatoires pour un jeu d’investigation
L’exploration, la gestion des ressources, la survie pour un jeu de voyage
Les relations sociales, la négociation, la séduction pour un jeu d’intrigues
La gestion d’une base, d’une faction pour un jeu de stratégie…

Vos mécaniques principales doivent être détaillées, offrir des choix intéressants et soutenir l’ambiance recherchée. Les mécaniques secondaires peuvent être plus légères. Gardez une cohérence globale dans la façon de résoudre les actions.Vous pouvez partir d’une feuille blanche ou adapter un système générique existant (D6 System, Fate, Savage Worlds…). L’essentiel est que vos règles soient cohérentes avec l’esprit de votre jeu, suffisamment souples pour gérer les situations imprévues, mais assez solides pour donner un cadre rassurant.Quelques conseils supplémentaires :

Commencez simple, quitte à ajouter de la complexité ensuite si besoin. Mieux vaut un système épuré mais bien huilé qu’une usine à gaz.
Faites des playtests très tôt et souvent pour tester vos mécaniques en situation, noter ce qui fonctionne ou non.
Soyez ouvert aux retours de vos testeurs mais restez fidèle à votre vision. Vous ne pourrez pas plaire à tout le monde.
Prévoyez des règles optionnelles ou des variantes pour moduler la difficulté ou le style de jeu.
Rédigez des exemples de situations de jeu pour illustrer vos règles, cela aidera beaucoup à les comprendre.
Inspirez-vous des mécaniques narratives et de résolution de conflit issues des jeux indé et narratifs pour enrichir votre système.

N’oubliez pas que créer un système de jeu original et cohérent demande beaucoup d’itérations et de tests. Mais c’est aussi une partie très gratifiante du processus de création, qui vous permettra d’affiner l’expérience de jeu unique que vous voulez offrir. Alors explorez, testez, peaufinez, et amusez-vous !

Écrire, tester, réécrire, tester, faire tester par d'autres... réécrire...

Il est temps de coucher vos règles sur le papier. Rédigez un premier jet en étant le plus clair et concis possible. N’hésitez pas à inclure des exemples pour illustrer vos mécaniques.Puis faites tester votre jeu autour de vous. Rien ne vaut des parties pour identifier ce qui fonctionne ou non. Soyez à l’écoute des retours de vos joueurs et n’hésitez pas à ajuster vos règles en conséquence. C’est un processus itératif qui prend du temps mais qui vous permettra d’arriver à un jeu solide et bien équilibré.

Utilisez des outils visuels pour organiser vos idées et votre contenu :

Les cartes mentales (mind maps) permettent de structurer vos pensées de manière organique. Vous pouvez y noter les éléments clés de votre univers, vos mécaniques de jeu, les liens entre les différentes parties. Des logiciels comme Freemind, XMind ou MindMeister sont parfaits pour cela.
Les planches d’inspiration (moodboards) regroupent des images, photos, illustrations qui capturent l’ambiance de votre jeu. C’est idéal pour donner une direction artistique cohérente. Vous pouvez utiliser Pinterest ou créer un simple document avec Google Slides ou PowerPoint.
Les schémas et diagrammes sont utiles pour expliquer visuellement les règles, les boucles de gameplay, les arbres de compétences, etc. Essayez draw.io ou Lucidchart.

Faites des playtests réguliers à différents stades du développement :

Dès que vous avez un prototype jouable, même brut, lancez une partie de JDR. Cela vous permettra de tester très tôt la solidité du concept.
Organisez des sessions ciblées pour tester des éléments spécifiques : combats, création de personnage, phase d’exploration, etc. Préparez une grille d’évaluation pour recueillir les retours.
Élargissez progressivement vos playtests à des joueurs extérieurs pour avoir un regard neuf. Vous pouvez recruter sur des forums de JDR, dans des associations, auprès de blogueurs spécialisés.

Itérez-en permanence :

Chaque playtest doit être suivi d’une phase d’analyse des retours et d’intégration dans votre jeu. Soyez prêt à faire des changements importants si nécessaire.
Tenez un journal de développement pour garder trace de l’évolution de votre design. Vous pourrez y revenir pour comprendre certains choix.
Fixez-vous des jalons et des priorités pour rester concentré. Il est tentant de vouloir peaufiner à l’infini mais il faut aussi savoir finaliser votre jeu !

Impliquez la communauté :

Soyez transparent sur votre processus de création, partagez vos réflexions, vos doutes. Les réactions des rôlistes vous aideront à orienter votre développement.
Ouvrez un forum ou un Discord pour échanger directement avec vos testeurs les plus impliqués. Vous créerez ainsi un premier noyau de fans.
Proposez à des rôlistes de contribuer, par exemple en écrivant un scénario ou en dessinant une carte. C’est motivant de voir son univers s’étoffer grâce aux créations des joueurs.

L’essentiel est d’envisager l’écriture de votre jeu de rôle comme un processus vivant et collaboratif. En multipliant les itérations et en vous appuyant sur une communauté bienveillante mais critique, vous parviendrez à concrétiser votre vision du jeu. Alors foncez, votre jeu de rôle n’attend que vous !

Finaliser son jeu de rôle sur table : poser la plume et partager sa création

Vous avez un univers fascinant, des règles éprouvées par de nombreux playtests, il est temps de finaliser votre jeu pour pouvoir le partager au plus grand nombre. Voici les dernières étapes clés :

Peaufinez la rédaction de votre livre de base. Veillez à ce que les règles soient claires, bien organisées et abondamment illustrées par des exemples. Soignez la mise en page pour une lecture agréable.
Faites relire et corriger votre texte par des personnes extérieures pour traquer les dernières coquilles et les points obscurs.
Réalisez une maquette pdf propre et séduisante, avec une couverture accrocheuse. Ajoutez quelques illustrations pour habiller le tout, en faisant appel à des artistes si besoin.
Préparez une fiche de personnage fonctionnelle et esthétique, ainsi que quelques aides de jeu (écran, cartes, tables…).

Mais attention, aucun jeu n’est jamais vraiment fini ! Il y aura toujours des choses à peaufiner, des retours de joueurs à intégrer, des extensions à imaginer. À un moment, il faut savoir poser la plume et considérer votre jeu comme publiable en l’état. Rassurez-vous, il sera toujours temps plus tard de faire une V2 intégrant vos nouvelles idées !L’étape suivante est de diffuser votre jeu :

Mettez-le en ligne sur une plateforme dédiée comme itch.io. C’est l’endroit idéal pour toucher un premier public de rôlistes curieux et bienveillants. Proposez une version “pay what you want” pour élargir votre base de lecteurs.
Publiez-le sur des boutiques en ligne spécialisées comme DriveThruRPG. Vous pourrez ainsi le vendre à un prix raisonnable et toucher des rôlistes du monde entier.
Imprimez quelques exemplaires papier, en impression à la demande ou chez un imprimeur local. Rien ne vaut d’avoir son jeu en main, pour vous comme pour vos joueurs !

Pensez aussi à faire vivre votre jeu au-delà des parties :

Créez des comptes sur les réseaux sociaux (Twitter, Facebook, Instagram) pour partager des news, des visuels, des anecdotes de partie.
Ouvrez un Discord pour fédérer une communauté autour de votre jeu. C’est un excellent moyen d’avoir des retours et d’échanger avec vos joueurs les plus passionnés.
Proposez du contenu supplémentaire (nouvelles règles, scénarios, aides de jeu…), idéalement sur un rythme régulier. Vous pouvez les diffuser gratuitement ou via un Patreon pour financer votre travail.
Sollicitez des actual plays, des interviews, des reviews sur des blogs, des podcasts, des chaînes YouTube spécialisées. C’est une excellente façon de faire connaître votre jeu.

L’essentiel est de considérer la publication de votre jeu de rôle non comme une fin en soi mais comme le début d’une aventure. En diffusant largement votre création et en animant une communauté autour d’elle, vous lui donnerez vie bien au-delà de votre table de jeu. Alors n’hésitez plus, le monde du JDR n’attend que votre univers !

Article écrit par Fletch en mars 2024