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Interview BD/JDR : Murgen l’auteur de Dungeon Skippers

Si vous ne connaissez pas encore Dungeon Skippers c’est une saga d’humour noir librement inspiré des parties de jeux de rôles de son auteur : Murgen. Nous l’avons débusqué dans une taverne et forcé à répondre à nos questions contre une choppe de bière plus un pagne elfique usagé… 

aventurier à la taverneÀ l’occasion du financement participatif de la saison 3 (et réédition des 2 autres saisons) de Dungeon Skippers, notre équipe de rédacteurs est partie sur les routes pour retrouver l’auteur Yoann Gueritot (“Murgen”). La quête fut assez simple finalement Murgen avait une certaine réputation dans le milieu des professionnels de l’hébergement d’aventurier et de l’hydratation par le gosier.
Certaines auberges près du mont du Destin avaient même un plat spécial le Pic’nik’donj qui lui rendait hommage.

Interview Bd/jdr : Yoann Guerritot dit « Murgen »

Les questions de la Rédac’ :

Comment est né le projet Dungeon Skippers ?

Comme quasiment toutes les idées : de l’ennui. J’étais étudiant, j’avais du temps pour moi, je savais pas trop dessiner, mais j’avais quand même acheté une tablette graphique pour je ne sais plus quelle raison, j’avais un groupe de JdR, des persos et situations quasiment déjà prêts, et j’avais envie de créer des trucs. J’ai alors décidé de lancer un petit webcomic à la con, avant tout pour faire marrer mes potes, et là, 8 ans après, on attaque la 4e saison et on se tape des épisodes de 90 cases ahah.
South Park ça me parle oui, c’est toute mon enfance ! Cette série m’a appris énormément de choses, notamment qu’on pouvait avoir des dessins pourris et dire “enculé” dans une oeuvre publique, et que ça passe quand même. À l’époque où Dungeon Skippers a été lancé, je pense qu’inconsciemment ça a été une grosse source d’inspiration. Kroc le Bô je connaissais pas par contre, mais je vais m’empresser de commander l’album sur Amazon afin de pouvoir copier dessus sans vergogne.

L’auto-édition via le financement participatif c’est vital pour les jeunes auteurs ?

Vu les dures réalités du marché, oui. Je pense que c’est une salvation. Enfin à condition de faire ça bien ! Dans mon cas, je suis bien conscient que la qualité du dessin de la série (surtout dans les premières saisons) et son ton parfois un peu trop vulgaire ne me permettent pas d’aller démarcher facilement auprès des éditeurs. Mais visiblement ça n’empêche pas les gens d’aimer ! Du coup j’ai décidé de passer par la case crowdfunding, où les projets sont financés par les gens qui aiment, pour les gens qui aiment.

Quelles sont tes sources d’inspiration pour Dungeon Skippers ?

C’est super simple : tout ce que j’aime. Le concept de base et l’univers viennent évidemment de mes parties de jeu de rôle, mais autour de ça il y a tout un tas d’éléments et de développements qui s’inspirent directement des oeuvres que j’aime le plus : The Big Lebowski, One Piece, Adventure Time, South Park, Final Fantasy 9, ou encore la série Misfits. C’est donc un gros bordel oui, et au final on reste pas uniquement dans le JdR.
Enfin ça c’est pour la forme. Pour le fond quant à lui, je puise principalement dans les moments que j’ai passé avec mon groupe de potes au fil des années. Car Dungeon Skippers, c’est avant tout une histoire de bromance !

Qu’est-ce que ça fait d’avoir en direct les réactions des participants à tes campagnes de financement ?

C’est extrêmement motivant ! Quand tu lances un produit via des moyens conventionnels il passe par un distributeur, puis il est mis en magasin, et au final tu ne sais jamais qui a acheté ton oeuvre, et tu ne peux pas communiquer avec ton public. Là avec le crowdfunding, tu échanges directement avec les acheteurs, tu essaies de convaincre les sceptiques, tu vois ta jauge grimper, c’est dynamique, et même ludique à vrai dire. Et voir tes lecteurs faire dépasser la barre des 100% en une journée, y’a pas à dire, ça fait chaud au coeur. Merci les gars !

Les personnages sont-ils inspirés par des joueurs de ton entourage #balancetonbarbare ?

C’est ça, Kyrus et toute la clique (à l’exception du gobelin) sont tous des personnages initialement joués par moi et mon groupe de potes. Pour info je suis Pikwik, le petit halfelin (ou pas) voleur (ou pas). Pour les persos de la série, je détermine leur personnalité en mélangeant celles du perso original et son joueur, et en lui rajoutant quelques éléments tirés de la pop-culture, histoire qu’il tienne la route au sein de l’histoire. Quant au barbare je vais pas vous balancer son nom, mais je peux vous dire qu’il bosse aux impôts !


Tes projets pour l’avenir, une saison 4, des rerolls dans des univers SF, post apo ?

Dans les projets immédiats, j’ai une version anglaise de Dungeon Skippers sur les rails qui devraient démarrer début 2018. On verra bien comment la série sera reçue, mais en tout cas la traduction est aux petits oignons (le traducteur a parfaitement réussi à retranscrire l’esprit et l’humour de la série, merci encore à lui). Après je suis game designer de profession, donc un de ces jours j’aimerais bien aussi sortir un jeu vidéo basé sur la série, et pourquoi pas un petit jeu de cartes à la Munchkin. Ensuite, toujours dans la série des projets un peu trop présomptueux, je rêverais de pouvoir un jour réaliser une petite série animée, avec des dialogues non censurés. Peut-être un jour, quand je serai vieux et riche.

Un reroll je suis moyen chaud, je suis plus familier des univers fantasy. Par contre, j’ai bel et bien en tête un autre projet de BD sans aucun rapport avec le jeu de rôle, mais je ne pense pas m’y attaquer avant un bon bout de temps (j’ai pas encore le niveau ahah).

Quant à la saison 4, elle est lancée et dispo en ligne depuis septembre dernier ! D’ailleurs l’épisode 4 arrive bientôt, et devrait apporter un gros vent de fraîcheur à la série.

Youtube et Twitch deviennent des relais pour vivre le processus créatif des auteurs (vidéo de making off ou cession de création …), tu en penses quoi ?

J’avoue qu’à part “Twitch plays Pokemon” je ne me suis jamais vraiment intéressé à Twitch, et je ne sais pas trop ce que les gens font dessus, mais dernièrement je regarde pas mal de vidéos Youtube de mangaka célèbres qui montrent leurs techniques de dessins, etc. C’est aussi fascinant que déprimant à vrai dire… Si j’avais vraiment un bon coup de crayon, et que j’étais capable de dessiner un bras sans faire 3 Ctrl+Z, ça me plairait bien de faire des sessions live j’imagine. Malheureusement si je faisais ça avec mon niveau actuel, le seul résultat serait que les internautes pris de pitié m’envoient des manuels de dessin et des calmants pour m’aider à tracer des lignes droites. Enfin un petit making off pourquoi pas, je vais y penser !

Reflet d’acide ou Donjon de Naheulbeuk ?

Arf, la petite question qui tue en fin d’interview sans prévenir, c’est bâtard ça les gars. Très honnêtement j’accroche plus à Reflets d’acide (par rapport à la finesse de l’humour, et la manière dont ça joue avec la langue française), mais ce serait mentir de dire que Naheulbeuk n’a pas bercé mes années de lycée, et franchement j’en ai de très bons souvenirs. Cela dit je crois bien que j’ai écouté que les 2 premières saisons, faudrait que je me fasse la suite. Et Reflets d’acide aussi, en fait. À vrai dire depuis que j’ai lancé Dungeon Skippers j’essaie d’éviter les oeuvres “similaires” (sans prétendre être à la hauteur hein) histoire de ne pas être influencé, et de faire mon propre truc.

Dungeon skippers : le mot de la fin par la rédac’

À partir de là, nos rédacteurs ne tenant pas le rythme des tournées de bière de la taverne nos notes deviennent nébuleuses. Alors si comme nous vous aimez le ton décalé n’hésitez pas à venir le soutenir sur sa campagne ulule Dungeon Skippers. Et si jamais vous êtes fauché comme les blés, le Web Comic est disponible sur le  site consacré à la saga.

La Rédac de Geek-powa

Ps, si vous en voulez plus dans un esprit assez proche : “Donjon” de Sfar et Trondheim  de Lewis Trondheim et Joann Sfar

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