L’effervescence retombe petit à petit… Le retour du festival BD d’Angoulême provoque toujours ce petit spleen. Heureusement, il en reste de nombreuses BD à déguster, plein d’histoire à raconter, des moments marquants, une passion BD renouvelée.
Le récit de Nélis et Petit Jean.
Le festival BD d’Angoulême est polémique, c’est une usine à gaz, il y a trop de monde, il faut se battre pour les dédicaces et c’est un gouffre à fric ! Oui c’est vrai. Mais tous les acteurs de la BD s’y retrouvent. Et c’est oublier que derrière chaque auteur, parfois jeté en première ligne par une monstrueuse machine éditoriale, se trouve un être humain (si si !) qui livre volontiers les coulisses de ses albums pour peu qu’on l’aborde avec un enthousiasme et un plaisir sincères. Et que chaque rencontre avec un auteur vous laisse une histoire différente.
J’ai eu la chance de connaitre le festival d’Angoulême au début des années 90. Son visage était différent, tout y était plus simple et convivial. Pourtant ma compagne et moi y replongeons chaque année depuis 10 ans. Même sentiment de familiarité quand nous y mettons les pieds, comme si nous ne l’avions jamais quitté, même spleen quand nous le quittons au terme de plusieurs journées grisantes. Entre les deux, de nouvelles rencontres, de nombreux motifs de rupture avec nos banquiers, la fierté d’avoir fait des découvertes, et beaucoup de dédicaces…
Pour rencontrer des auteurs, le Hall 1 du Monde des Bulles est le plus dur, le plus terrible. C’est lui qui donne au festival cette image d’usine à gaz. Mais il est incontournable. La Bulle Nouveau Monde et l’Espace BD alternative sont davantage propices à la découverte et aux échanges, quoique ce foisonnement de BD atypique, associative, underground et expérimentale ne soit pas toujours facile d’accès. L’Espace Asie nous enseigne la richesse des manhwa et manhua, et propose de nombreuses performances (dessins de fresques, …) en direct.
Mais le FIBD ne doit surtout pas être réduit à l’image de plus grande librairie BD du moment ni aux files d’attente pour les dédicaces. Ce sont aussi des évènements culturels, des avant-premières cinéma, des concerts, de nombreuses aventures inopinées à raconter. Le FIBD est suffisamment riche et diversifié pour que chacun y forge sa propre aventure personnelle.
Nous avons goûté cette année à la magie d’un concert dessiné, rencontre des pétillantes China Moses, chanteuse de jazz et fille de Dee Dee Bridgewater, et de Pénélope Bagieu, dessinatrice et auteure de Les Culottées. Mieux que des mots, petit retour en vidéo ici…
Nous avons fui le samedi, par expérience, les Bulles d’auteurs pour nous consacrer aux expositions. Nous avions déjà pu avoir rien que pour nous l’expo La French Touch de Marvel, pour les 20 ans de Panini Comics, dans le sous-sol du théâtre, suite au concert dessiné. Mais les expos Le Château des Etoiles et Will Eisner étaient sans commune mesure : scénographies magnifiques pour une immersion totale et surtout beauté des illustrations originales, la possibilité de regarder l’aspect « organique » des œuvres, l’épaisseur du trait, les corrections, les vestiges de crayonnés, le génie de l’art séquentiel de Will Eisner… Moins attirés par l’œuvre d’Hermann, nous avons malgré tout admiré sa minutie graphique et sa science des couleurs et de la lumière. Édifiant.
Et côté coup de cœur BD ? Pour ma compagne, sans conteste Les Trois Fantômes de Tesla de Marazano et Guilhem, avec en outre le petit scoop que lui ont livré les auteurs : le premier album de leur série était au coude à coude avec L’Homme qui tua Lucky Luke de Matthieu Bonhomme et L’Arabe du Futur de Riad Sattouf pour le Prix du Public Cultura. Pas de vantardise, juste le bonheur et la fierté d’avoir eu une telle reconnaissance du public. Auront-ils le prochain Prix Cultura ? On croise les doigts pour eux.
Et pour moi… pas vraiment de coup de cœur mais de très nombreux projets à suivre avec enthousiasme en 2017 !
Le FIBD, un festival pas évident à vivre, pour lequel il faut être préparé, mais une émulation qui balaie tout le reste. On est accrocs. Et on y replonge en 2018.
Nélis et Petit Jean
Découvrez le voyage dans les bulles millésimes 2017 de Fletch.
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