Aujourd’hui les compagnies qui financent les jeux AAA veulent un retour sur investissement maximum pour un coût minime. L’un de leurs outils de rentabilité phare est désormais la précommande.
Des précommandes qui vendent du rêve marqueté
Posons la situation :
Les précommandes il y a 10-15 ans avaient du sens puisqu’il fallait presser les CD/DVD et commander les boites pour que chaque boutique soit approvisionnée le jour J. Mais depuis, une grande partie des gamers est passée à l’ère du dématérialisé (steam/psn+/xboxlive …).
Sur Pc les meilleures offres sont sur des bibliothèques de jeux comme steam ou GoG, on télécharge ses jeux à volonté et on les réinstalle depuis le cloud sur tous nos ordinateurs autant de fois que nécessaire.
Sur console nos abonnement live (psn+/xboxlive) nous vendent toute l’année des jeux en promo à la condition de les prendre en dématérialisé. (Je rentrerai pas dans le débat support physique/dématérialisé qui mériterait aussi un dossier Geek.)
Les incitations à la précommande sont généralement de l’ordre du cosmétique ou d’un DLC exclusif (une monture, un animal virtuel de compagnie, une mission de plus).
Dans l’idée pour pré-commander à une boutique on laisse un avoir et on vient retirer son jeu à la première heure du lancement. Pour l’univers console ou sur Steam la norme est de payer le jeu avant sa sortie et en contrepartie de télécharger le jeu avant la sortie pour jouer dès la première minute du lancement.
Pré-commander prive le consommateur :
Maintenant qu’on a posé les bases voyons tout ce que la précommande d’aujourd’hui nous a retiré.
– La fin des démos de jeu : longtemps avant de nous vendre un jeu vidéo on nous le faisait tester, désormais on doit croire l’éditeur sur une bande-annonce…
– Les patchs day one : souvent les équipes de développement sont trop courtes en temps et la date fixée par l’éditeur ou les gars du marketing est trop courte. Cela donne des jeux non finis et parfois on a le droit à ce fameux patch day One qui peut être obèse en Gigas les Sans Fibre Fixe me comprendront.
– Le contre du bouche à oreille : pour minimiser les risques nombre d’éditeurs font dans la suite de jeu triple A, mais parfois les suites sont passables ou mauvaises. Quand c’est le cas, l’éditeur limite ses vidéos de présentation. N’envoie ses jeux en test qu’a des sociétés accommodantes et leur impose une parution de test que pour le Day One. Tout un tas d’exemples fleurissent, j’en cite les plus marquants (Assassin’s Creed Unity injouable sur la plupart des supports à la sortie et encensé, le dernier Batman noté entre 15 et 17/20 alors qu’il a du être retiré de Steam tellement les gens ont demandé de remboursements, le dernier en date Street Fighter V qui emporte du 17/20 sur le site le mieux référencé de jeux vidéo de France pendant que l’avis des consommateurs tourne à 3.3/10.
– Une concurrence déloyale aux boutiques : les éditeurs vendent au même prix leur version numérique que la version physique. Ce qui leur permet de baisser les prix, faire des soldes facilement puisque le coût du transport, des intermédiaires, des entrepôts, d’avoir un stock ne les concerne pas. La tendance chez les éditeurs est d’essayer de rendre captif son public en lui imposant une plateforme où tous ses jeux sont mis en avant (EA Origine / Rockstarsocial club/ …). Ce décalage de marge entre les boutiques physiques et les éditeurs n’offre pas au consommateur de meilleures offres, elle sert uniquement à maximiser les profits.
Conclusion d’un geek sur les précommandes :
La précommande n’est pas une option qui nous sert, elle nous affaiblit en tant que consommateurs pour limiter nos recours. C’est une pratique qui permet à une bande de financiers d’établir des records de vente sur des produits sans qu’ils aient à être bons ou même finis. Les précos nous privent des avis croisés, des retours des streamers, du recul pour savoir si oui ou non le jeu vaut le coût.
Pour aller plus loin et dans un autre domaine geek, en ce moment les campagnes pour différents appareils de réalité virtuelle lancent leurs précommandes. Rien ne garantit que les produits marchent correctement, qu’ils soient plaisants pour le consommateur, de bonne qualité ou encore que des softs soient prêts pour une utilisation grand public.
Le marketing crée l’envie et ensuite la société « vendeuse » lance sur le net des présentations en vidéo faites en interne. Ces produits n’ont pas été testés par des sources extérieures. La campagne pré vente de l’occulus VR a vendu son stock en une journée sur ce modèle.
Je vais vraiment conclure sur ces quelques mots : les précommandes nuisent à la qualité des jeux, n’hésitez pas à attendre une journée après le lancement officiel avant d’acheter votre prochain jeu triple A pour avoir les avis non marketés.
Fletcher service après vente des geeks.
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