Depuis son apparition sur Twitch en 2023, l’expression « matrixé » s’est imposée sur les réseaux sociaux pour moquer l’enfermement des biais de pensée ou les adeptes de théories complotistes. Décryptage d’un néologisme révélateur de notre époque hyperconnectée, entre dérives conspirationnistes et quête de repères.
Origine et signification du terme matrixé
Une référence claire au film Matrix et analogie
L’expression matrixé fait directement référence à la célèbre trilogie de science-fiction Matrix. Dans cet univers, les humains vivent à leur insu dans une réalité virtuelle appelée la Matrice, simulée par des machines. Le héros Neo finit par s’en extraire grâce à la fameuse « pilule rouge » et découvre la vérité sur le monde. Par analogie, une personne matrixée serait prisonnière de fausses croyances, manipulée et aveuglée sans en avoir conscience.
Une personne « matrixée » serait prisonnière de fausses croyances, manipulée et aveuglée sans en avoir conscience. Être matrixé, c’est être enfermé intellectuellement, obnubilé par une idée au point de perdre tout esprit critique.
Utilisé pour désigner les complotistes et leur enfermement intellectuel
Sur les réseaux sociaux, matrixé est rapidement devenu un qualificatif moqueur pour épingler non seulement les complotistes, mais aussi, par extension, tous ceux qui sont aveuglés par leurs biais, qu’il s’agisse de misogynie, de racisme ou de croyances religieuses extrêmes. Porté par la jeune génération connectée, notamment sur Twitch (Amine, Nova, Snakou,,…), ce terme raille l’enfermement intellectuel supposé de ceux qui adhèrent à des visions biaisées, que ce soit des théories conspirationnistes ou des préjugés tenaces. Il fustige leur adhésion à des narratifs en décalage avec la réalité, résultat d’un aveuglement mental. Utiliser ce mot est une façon pour ces jeunes internautes de se démarquer de ces discours et de ces biais qu’ils jugent néfastes.
L'enfermement, "le matrixage" une notion qui va au-delà du complotisme
L’apparition du terme matrixé intervient dans un contexte de forte progression des théories conspirationnistes et de post-vérités ces dernières années, dopée par les réseaux sociaux. Ceux-ci ont favorisé la création de bulles informationnelles cloisonnées où prospèrent les visions alternatives.
En raillant les « matrixés », la jeune génération tourne en dérision ce climat de biais intellectuels ou complotiste et marque sa défiance envers les discours perçus comme des impasses intellectuelles. Le succès du terme illustre la fracture entre les adeptes de complots et les esprits critiques qui les voient comme déconnectés du réel.
Matrixé s’emploie aussi plus largement pour dénoncer toute forme d’aveuglement ou d’aliénation à une idée. Un signe que la Matrice s’est démultipliée en autant de bulles et d’influences qui conditionnent les esprits.
Derrière son apparence anecdotique, ce néologisme en dit long sur une époque hyperconnectée, entre dérives complotistes et quête éperdue de repères. La fiction d’hier devient la grille de lecture du réel d’aujourd’hui. Reste à savoir si matrixé s’installera dans la durée ou finira comme un effet de mode éphémère. Une chose est sûre : ce petit mot aura été le miroir d’une génération en quête de vérité dans le dédale d’illusions du virtuel.
La bulle informationnelle, un phénomène amplifié par les moteurs de recherche :
Lorsque vous effectuez une recherche sur Google, les résultats qui s’affichent ne sont pas neutres. Ils sont en réalité personnalisés en fonction de votre historique de navigation, de vos clics précédents et de vos préférences.
C’est ce qu’on appelle la « bulle informationnelle » ou « bulle de filtres ». Sans que vous en ayez conscience, Google vous propose un contenu sur-mesure qui correspond à vos centres d’intérêt et à votre vision du monde. Mais ce faisant, il vous enferme dans une sorte de cocon informationnel.
Par exemple, si vous avez l’habitude de cliquer sur des articles de presse de gauche, Google vous proposera en priorité ce type de contenu, occultant les points de vue opposés. Votre perception de la réalité s’en trouve biaisée, comme si vous étiez enfermé dans une bulle.
Ce phénomène, amplifié par les moteurs de recherche et les réseaux sociaux, favorise la polarisation de la société. Chacun reste dans sa zone de confort intellectuelle, sans être confronté à des opinions divergentes. Un vrai défi pour le débat démocratique !
Textes et illustrations Made in Fletch
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